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Les filets fixes sur l'estran en infraction

Les filets fixes sur l'estran en infraction


 

Les filets fixes vont partie des engins exclus du projet de libération de la bande marine littorale : il serait inique et discriminatoire de prétendre exclure les professionnels et pas les amateurs qui dans les Landes et en Gironde mettent en œuvre cet engin de façon quasi exclusive. Les filets embarqués par les amateurs seront donc exclus de cette zone, de même que les filets fixes posés à pied sur l'estran, ce qui implique leur disparition.


 

Mais depuis l'instauration des quotas journaliers de bar décidés pour les amateurs au niveau national, l'ADRM n'a pas manqué de constater que ces pratiques sont de facto disqualifiées par cette récente modification de la réglementation européenne.


 

Un filet qu'il soit maillant ou emmêlant ne pourra jamais ni épargner tous les bars au nord du 48ième ni s'arrêter de les intercepter à partir du 5 ou 3ième poisson au sud.


 

L'arrêté ministériel n°1404 du 2 juillet 1992 « fixant les conditions de délivrance des autorisations annuelles de pose de filets fixes dans la zone de balancement des marées » persiste à autoriser depuis quelques années une activité de loisir qui est devenue incompatible avec les objectifs de la politique commune de la pêche concernant la gestion du bar.


 

Cette pratique ne peut plus être aménagée pour être mise en conformité avec le règlement européen.


 

En autorisant la poursuite de cette activité, la législation française ne participe pas à minimiser les incidences de la pêche sur la conservation des écosystèmes marins et laisse perdurer une mesure nettement moins rigoureuse que la réglementation communautaire existante. Elle est donc devenue contraire au règlement européen.


 

En contrôlant dans le même temps le respect des tailles minimales de capture et des quotas par les pêcheurs de loisir à la ligne qu'elle sanctionne le cas échéant à juste titre, elle crée une discrimination entre deux catégories de pêcheurs non professionnels : le million et demi de pratiquants d'un côté et quelques milliers de privilégiés de l'autre.


 

Les opposants à la disparition de cette pratique « traditionnelle » feront remarquer que l'on n'interdit pas pour autant les filets des professionnels confrontés à des problèmes similaires et qu'il suffirait de rejeter –morts-- les bars capturés.


 

Il est vrai que lorsque les bars sont captifs et morts dans le filet du professionnel, celui-ci ne se voit pas pour autant dépossédé de son outil de travail. Mais il a du rejeter ses prises pour dépassement de quota, et désormais, il devra les débarquer parce qu'elles sont progressivement soumises à l'obligation de débarquement, avec interdiction de les vendre pour l'alimentation humaine.


 

Cette stratégie est bien conforme à l'application du principe du compromis fréquent entre les objectifs souvent contradictoires d'ordre environnemental, social et économique de la pêche durable. C'est devenu un leitmotiv de la politique commune de la pêche


 

Le même principe appliqué au cas de la pêche récréative au filet fixe doit pourtant conduire à l'interdiction de cette pratique pour les raisons suivantes :


 

(1) Sur le plan économique, les amateurs qui mettent en œuvre ces pratiques ne peuvent invoquer une quelconque atteinte à leur train de vie puisque par définition de la pêche récréative, la valeur commerciale de leurs captures est nulle. La fin de cette pratique aura en outre la vertu de stopper les activités des faux plaisanciers de ce secteur.

Inversement, l'investissement dans un filet fixe prêt à pêcher qui durera des années oscille entre 150 et 176 € TTC : il est très inférieur à la moyenne de la dépense annuelle de 1200 € du pêcheur récréatif en mer telle qu'elle a été chiffrée par l'étude de Hyder et al. (2017) financée et acceptée par le parlement européen.


 

(2) Sur le plan social, aucun emploi n'est menacé et la fin des filets fixes mettra enfin tous les pêcheurs récréatifs non embarqués à pied d'égalité quant à l'accès à la ressource et au respect des règles. C'est particulièrement vrai pour le bar et le saumon. Elle mettra fin à une forme de pêche de semi-subsistance qui tire avantage des 2 statuts du récréatif et du professionnel sans en assumer aucun des inconvénients, statut intermédiaire réservé à une caste de privilégiés puisque bien souvent les modalités d'attribution des autorisations sont telles que ce sont invariablement les mêmes personnes qui bénéficient de cette autorisation années après années . La fin des filets fixes sonnera aussi le glas des maints conflits d'usage qu'ils génèrent au bord de l'eau (sécurité des usagers notamment des surfeurs, obstacle invisible pour les lignes des pêcheurs, abus avec véhicules motorisés et filets multiples/trop longs).


 

(3) Sur le plan environnemental, le bénéfice est évident puisque les filets sont incapables de relâcher les immatures, les prises surnuméraires et non désirées et de respecter les quotas. Régulièrement rejeter morts des bars excédentaires ne sera jamais une mesure applicable par l'amateur et serait surtout inacceptable sur le plan environnemental. La prise moyenne d'un filet fixe immergé pendant 12 heures reste aussi nettement supérieure à celle d'un pêcheur à la ligne fréquentant la même zone. Enfin, ces filets fixes sont responsables de la destruction de juvéniles de nombreuses espèces (bar, saumon, maigre, etc) ou d'espèces menacées ou en déclin.


 

On constate donc qu'ici les trois objectifs environnemental, social et économique loin d'être contradictoires sont au contraire synergiques: la fin des filets fixes sur l'estran concernant les amateurs apparaît comme une décision gagnant-gagnant.

Écoutez la radiodiffusion de FRANCE BLEU GASCOGNE

à ce sujet (juillet 2018).

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