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L’économie du bar : une optimisation qui reste à faire

 

La demande du marché pour le bar ne cesse de s’accentuer.


A. LE PRIX DU BAR

 

Le prix du bar peut varier considérablement :

 

1. Les qualités de la chair du bar pêché : suprématie du bar de ligne.

 

Un bar pêché à la ligne, que ce soit grâce à une canne à pêche comme celle des pêcheurs récréatifs  ou celles des « canneurs » professionnels ou simplement tenue à la main, comme les ligneurs bretons est un poisson qui présente des garanties de fraîcheur et de qualité de chair reconnues. Les ligneurs et canneurs professionnels du bar peuvent vendre leur pêche à des prix très supérieurs à ceux pratiqués par d’autres pêcheries. 30 € le kilo n’est pas un prix exceptionnel. Les ligneurs ont à juste titre développé leur logo garantissant ces qualités.

 

Un bar piégé dans les mailles d’un filet meurt par épuisement : après un séjour de plusieurs heures dans l’eau, son aspect moins engageant est caractéristique et la qualité de sa chair très inférieure au poisson précédent. Son prix sera plus faible.

 

2. La taille du bar pêché : plus un bar est gros, plus son prix est susceptible d’augmenter.

“Le prix du bar au kilo dépend de la taille du poisson. Un poisson de 1,5-2kg aura tendance à se vendre à environ 8,50 €/kg, un poisson de 2-3kg sera vendu entre 12,80 €/kg et 17,80 €/kg. » (Rapport de la société MRAG « Définir la valeur économique et environnementale du bar » en Grande Bretagne pour le compte de BLUE MARINE FOUNDATION, 28-11-2014)

 

“En mai 2015, les prix moyens du bar à PLYMOUTH ont pu être aussi faibles que 4,25 €/kg pour les petits bars et 21,30 €/kg pour les plus gros. Cette différence de 17€/kg pour ces plus gros bars  conduit donc à une augmentation potentielle du profit économique de plus de 17 000 €/ tonne de bar et par mois."

 

Les petits poissons sauvages viennent en compétition avec la multitude des bars-portions produits par l’aquaculture : les mettre sur le marché revient à retirer des océans des poissons qui auraient dû rejoindre les futures classes d’âge des poissons géniteurs (la précieuse « biomasse » si menacée aujourd’hui) pour les vendre à des prix forcément médiocres. Double erreur.

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3. La loi de l’offre et de la demande omniprésente : protéger les Hommes et les Poissons en empêchant les saturations du marché


 

Ensuite, indépendamment de la technique de pêche, les prix fluctuent avec l’offre : des arrivages massifs sont susceptibles de faire tomber les prix.


 

a. En novembre dernier, El COMERCIO rapporte qu'un senneur du port d’Avilés en Espagne (Asturies, près de GIJON et OVIEDO) ramène 12 tonnes de bars le même jour : les prix, constatés à 15€74 le kilo en octobre chutent à 7 €, ce qui représente 84 000 euros pour cette marée. Le « gros lot » pour des français, le « Jack Pot » pour des anglais, la « campanada » pour des espagnols. Et la catastrophe pour ce banc de bars et l’environnement.

Le lendemain, un autre senneur ramène 5 tonnes. Le prix négocié est de 10 € le kilo, soit 50 000 €…


 

b. Le bar se rassemble en bancs de plus en plus consistants au fur et à mesure que le frai approche. Ces rassemblements sont connus depuis très longtemps, s’opèrent dans des zones répertoriées en pleine eau et débutent dès le mois de décembre. Le pic dépend donc aussi des zones et du climat. De janvier à début avril s’opère le frai dans le golfe de Gascogne. La France a laissé des chaluts « travailler » sur ces rassemblements de bars en train de se préparer à frayer dans des zones connues et reconnues qui auraient dû être interdites à la pêche.  Cela se reproduira encore tant que la Commission Européenne décidera de ne rien faire pour le Golfe de Gascogne au prétexte que la France est le quasi unique intervenant ( à 96%). Cela se produira à nouveau sur le plateau de ROCHEBONNE entre le 1er décembre et le 31 janvier tous les deux ans, malgré une consultation publique marquée par 234 avis défavorables contre 2 ou 3 favorables pour la campagne 2016.

En France le pays de "l'excellence écologique", seul le critère économique prévaut.


 

Quand d’énormes quantités de gros bars aux abdomens distendus par les produits génitaux arrivent sur le marché, au moment où la demande est la plus basse (en plein hiver), les prix peuvent n’être que de quelques euros…Ces poissons peuvent finir à la farine à poisson…Double erreur à nouveau.

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B. L’AVENIR DU BAR : l’hameçon non industriel et un marché contrôlé


 

Le "H§L only" des anglo-saxons, seule méthode durable pour le bar : l’hameçon de la pêche de loisir et de la pêche côtière


 

1. Des études économiques objectives et sans appel 


 

“Le résultat économique des pêcheurs récréatifs de bar dans le SUSSEX (UK) est maintenant estimé à 3,4 fois supérieur à celui des pêcheurs professionnels de bar. Les emplois générés par les pêcheurs récréatifs de bar sont estimés à environ 3,2 fois ceux générés par les pêcheurs professionnels de bar."

Cependant, quand on ramène ces résultats absolus à la tonne de bars pêchés, les comparaisons relatives sont sans appel:

"Le résultat économique final par tonne de bars pêchés par les pêcheurs récréatifs dans le SUSSEX est 40-75 fois supérieur à celui correspondant aux pêcheries professionnelles. Le taux d’emplois créés par tonne de bars pêchés par les pêcheurs récréatifs est 39-75 fois supérieur à celui correspondant aux pêcheries professionnelles. » (Rapport de société MRAG « Définir la valeur économique et environnementale du bar » pour la BLUE MARINE FOUNDATION, 28 novembre 2014)

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2. Un constat déjà dénoncé dans d’autres domaines


 

Le bar a été géré jusqu’à ces dernières années pour le bénéfice à bien court terme de la pêche industrielle (valeur en 1ère vente : 7€/kg). Pourtant, l’intervenant économique majeur est bien la pêche récréative (valeur estimée à 142€/kg), auquel il convient de rajouter les ligneurs et canneurs professionnels du bar.

Tout s’est donc passé comme dans une authentique braderie : les politiques ont permis que la richesse ne soit captée que par quelques-uns (la pêche industrielle), au mépris de l’intérêt environnemental, général (les pêches récréatives et artisanales) et citoyen (espèce patrimoniale), et que soit ainsi bradé un potentiel économique considérable. Mais si les stocks étaient enfin autorisés à se rétablir –s’il en est encore temps ?-, puis à être pêchés de façon durable, ils généreraient beaucoup plus d’argent et créeraient beaucoup plus d’emplois. Cet argument devrait plaire au décideur moyen du début du XXIème siècle. Mais il n'y a pas plus sourd qui ne veut entendre.


 

3. Le futur : la pêche durable du bar, mais pour de bon


 

a. L’hameçon récréatif et artisanal


 

Cette pêche durable du bar doit privilégier les pêches récréatives et artisanales à l’hameçon, en excluant les palangres industrielles. Les bars sauvages pris à la ligne doivent devenir le produit phare de cette pêche, celui qui procurera les prix les meilleurs pour valoriser au mieux cette ressource si précieuse.

Les techniques par filet doivent être progressivement amenées à disparaître : tous les filets maillants, emmêlants, trémails ou combinés, calés, dérivants ou mixtes sont des pièges redoutables pour les bars et l’environnement, donc pour nous les hommes. Ils ne sont pas et ne seront jamais « sélectifs ». On a vu que le poisson perd beaucoup de sa valeur marchande. Les filets perdus, imputrescibles deviennent ensuite des pièges fantômes indéfiniment. Par égard pour les hommes en place, il faut programmer des périodes de transition avec des mesures d’accompagnement pour basculer aussi respectueusement que possible vers des techniques définitivement durables, concernant le bar. L’arsenal de telles mesures est pléthorique.


 

b. La double maille 


 

Les bars les plus gros livrent souvent de bien belles bagarres : ce sont donc eux qui hantent l’imaginaire des pêcheurs récréatifs et qui sont donc si importants pour soutenir ce secteur économique fort. Mais ces poissons sont aussi la clé du futur : les bars les plus gros sont les plus prolifiques quantitativement et qualitativement. Leur fertilité augmente même de façon « spectaculaire avec l’âge » mais bien peu sont épargnés par la pêche avant d’atteindre leur plein potentiel de géniteur. Au même titre que les juvéniles doivent être protégés pour qu’ils puissent alimenter les classes d’âge des poissons mâtures, les gros sujets doivent être respectés car ce sont des géniteurs d’excellence. Ce raisonnement si simple mais aussi si vrai doit être enfin compris.


 

D’un point de vue légal, conserver un gros bar n’est pas une faute, comme l’est le même geste pour un poisson inférieur à la taille minimale de capture.


 

D’un point de  vue environnemental, conserver un gros bar me paraît plus grave que conserver un poisson juvénile.


 

Un juvénile va peut-être devenir un géniteur, un gros bar l’est déjà.


 

Cette notion de taille minimale de capture isolée est perverse : elle empêche beaucoup de pêcheurs de faire eux-mêmes le raisonnement ci-dessus et les encourage à accumuler les gros poissons dans les congélateurs puisqu’ils sont si vertueux au regard de la Loi en relâchant les « petits poissons ». Le respect de la taille minimale de capture les déculpabilise et leur ôte tout scrupule vis à vis des beaux poissons.


 

Mais la Loi s’est arrêtée en chemin, et il faut poser la bonne question : en terme environnemental, combien « coûte » la conservation d’un gros bar, et combien « coûte » la conservation d’un bar immature ? 


 

La réponse est dans le graphe ci-dessous : un bar peut vivre 25 ans, frayer 15 fois dans sa vie et atteindre des poids de l’ordre de 10 kg. 

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Nombre moyen de bars juvéniles produit par trois tailles différentes de bar européen.

La double maille s’est déjà imposée dans d’autres pays bien plus avancés que nous, c’est la « slot size » des anglo-saxons, qui fonctionne si bien pour le red drum en Floride par exemple. L’île de MAN vient de mettre en place une double maille 50-60 cm qui me parait être très justement choisie. En sus du quota journalier bien entendu.

En effet, une femelle bar a 90% de chance d'être mature qu'à partir de 48 cm. À 42 cm, elle n'a que 50% de chance de l'être.

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Dernier argument décisif pour gracier les gros bars : ce sont des supers prédateurs, qui accumulent dans leurs chairs les toxiques produits par les Hommes. Manger des gros prédateurs revient à s’exposer davantage à ces toxiques (Méthyl mercure, Dioxines et PCB surtout), dont la plupart sont cancérigènes et/ou perturbateurs endocriniens, au choix.


 

Même l’Agence Nationale pour la Sécurité Alimentaire qui a émis un avis restrictif pour la consommation de poissons--pas plus de 2 fois par semaine-- (page 12 du rapport) a cité le bar parmi les espèces à éviter.


Le bar n’est pas exempt de ce problème devenu universel : sa thyroïde est aussi polluée ce qui perturbe son comportement.


 

4. Un marché contrôlé et réglementé


 

 a.TAC et quotas 


 

La rareté d’une ressource alimentaire n’empêche pas que la demande reste forte au mépris d’une certaine logique économique qui voudrait qu’un produit cher finisse  par être délaissé par les consommateurs. Par exemple, pour réguler l’électricité en période de pointe en hiver, un économiste français Marcel BOITEUX avait très justement conseillé de laisser les prix augmenter en période de forte demande. Si l’électricité est non stockable comme un produit frais comme le bar, l’analogie s’arrête là.


 

Actuellement, en dehors des mesures exceptionnelles de 2015, le bar n’est pas encore une espèce soumise à des Totaux Autorisés de Capture (TAC), les débarquements comme ceux cités en exemple à AVILES en Espagne ci-dessus peuvent chambouler les prix d’une marée à l’autre, c’est le quotidien des criées.

Dieu merci, l'effondrement du stock au nord du 48ème a déclenché la mise en place d'un plafond global français pour le golfe de Gascogne, un garde fou grossier mais qui sera affiné avec le temps.

Les débarquements massifs de ces géniteurs capturés sur le lieu de ponte en plein hiver se produisent toujours mais seraient désormais sous surveillance, alors que la demande est faible en hiver : des poissons à très haute valeur environnementale sont bradés à des prix dérisoires, pour des utilisations parfois très secondaires (farines).


 

C’est un double échec, à la fois économique et environnemental.


 

 b. Le repos biologique 


 

La pêche récréative et professionnelle du bar doit être fermée pendant les périodes de rassemblements avant et pendant le frai. Ces mesures doivent être guidées par les scientifiques en ce qui concerne la détermination des zones, des périodes, et des engins incriminés. Comme toute ressource naturelle vivante, le bar doit être considéré comme une ressource saisonnière dont les marchés ne pourront disposer qu’en saison. Il doit bénéficier du strict repos biologique pendant le frai.

Contrairement à ce que prétend la position officielle toujours en ligne de l'IFREMER sur la question, il n'est pas équivalent de capturer un gros géniteur à la belle saison et de le capturer au moment du frai.

L'auteur de cette déclaration qui reste choquante donne une leçon de logique: "il faut se souvenir que la période qui suit la reproduction est la période qui précède la reproduction suivante."


 

En réalité, la logique souffre beaucoup d'une telle affirmation: 

la valeur reproductive de ce géniteur à la belle saison n'est qu'une promesse car il n'a pas l'assurance de survivre jusqu'au prochain rassemblement. Alors que la valeur reproductive de ce même poisson en hiver est une quasi certitude, un trésor qu'il faut préserver. Les américains ont compris cette évidence.

Mais il y a pire: en réalité, le seul moment où les chaluts pélagiques peuvent prendre des gros bars en quantité, c'est quand ils sont rassemblés près à frayer: reconnaître que pêcher sur frayères n'est pas convenable serait condamner cette pêche meurtrière. C'est pour cette seule raison que la position de l'IFREMER est "loin d’être simple ou évidente".

 c. Les Zones de Nourriceries de bars (ZNB) 


 

Le repos biologique n’est qu’un aspect de la protection du bar. Il faut aussi se soucier des juvéniles qui seront appelés à devenir des poissons matures et qui se réfugient dans des zones spécifiques les ZNB (baies et baïnes, estuaires et étangs salés). La protection des zones de nourriceries des bars juvéniles n’est toujours pas au programme en France, c’est à peine si une étude de l'IFREMER (l'action « nourricerie » du projet BARGIP) a tenté de déterminer des indices de recrutement pour mieux renseigner le CIEM pour ses savantes estimations de la santé du stock.


 

 d. Les pollutions marines 


 

Autre aspect, celui de la protection de l’environnement qui accueille ces poissons : la pollution des océans pourrait très bien un jour anéantir tous ces efforts pour secourir l’espèce si d’aventure l’acidification des eaux, les micro polluants plastiques ou les innombrables polluants organiques ou inorganiques venaient à menacer les éclosions de larves… ou les juvéniles en zones littorales et estuariennes. Ou le réchauffement climatique qui chasserait les bars à raison de 50 km/an vers le nord.


 

 e. Les nécessaires contrôles


 

 Une fois le frai protégé, pendant les périodes de pêche autorisées, les quantités de bar débarquées devraient être contrôlées : elles devraient le devenir par la force des quotas qui ont enfin vu le jour en 2015, et du coup le bar devrait devenir une espèce à débarquement obligatoire (rejets en mer interdits). Localement, ces quotas auront le mérite de protéger les bars mais aussi, dans une certaine mesure les prix. Ces limitations de débarquement garantiront que les prix ne puissent s’effondrer à cause d’un apport massif. Les pêcheurs seront rémunérés plus justement et comprendrons qu’il vaut effectivement prendre moins pour gagner plus. Le cercle vicieux «  prendre avant que le voisin ne le fasse » (le « use it or loose it » anglais) pourrait ainsi être cassé et même transformé en cercle vertueux : la ressource protégée pourrait se rétablir, les techniques par filets peu sélectives et trop efficaces pourront être graduellement être abandonnées au profit des métiers artisanaux de l’hameçon qui caracolent en tête du classement des métiers de la pêche selon les critères à la fois socio-économiques et environnementaux.


 

Ce serait une double victoire, à la fois économique et environnementale.

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