
Actualités
1.La Commission Européenne s'est trompée
2. État des lieux de la pêche de loisir dans l’Union européenne
3.L'anguille et le crime organisé
4.Carrefour ANGLET stoppe le commerce du saumon sauvage de l'ADOUR (22-10-2018)
5.L'ADRM participe à la consultation européenne sur les possibilités de pêche 2019
6. La préfecture de la Charente-Maritime retire l'arrêté 18/029 du 27-8-2018 réglementant la pêche au filet fixe sur l'estran.
7. Signer la pétition pour faire cesser la commercialisation du saumon sauvage de l'Adour
8. Participer à la campagne de financement participatif pour dénoncer la situation du saumon de l'Adour
9. L'ADRM et SALMOTIERRA SALVATIERRA demande une audience au préfet de région de la Nouvelle-Aquitaine à propos du saumon.
La Commission Européenne s'est trompée
Dans une lettre aussi hypocrite que pathétique, Karmenu VELLA commissaire européen à la pêche nous explique que l'administration s'est trompée au détriment des pêcheurs de loisir en leur interdisant de prélever le moindre bar au nord du 48ème parallèle, alors que la saison 2018 bat son plein:
"
Chers Pêcheurs récréatifs en mer,
Je voudrais vous remercier pour vos nombreux courriels et courriers reçus ces derniers mois à propos du dernier avis du Conseil International pour l'exploration de la Mer (CIEM) à propos du bar et de l'impact des la pêche récréative sur ce stock.
L'avis du CIEM est fondé sur de nouvelles informations et une nouvelle analyse. Selon celle-ci, l'impact de la pêche récréative sur le bar est vraiment plus faible que celle estimée en 2017. De plus, le CIEM convient que 95% des bars survivent après avoir été relâchés par les récréatifs. Bien que le CIEM ait émis un avis concernant le prélèvement global correspondant au Rendement Maximal Durable (RMD), le stock reste en dessous du niveau minimal sous lequel la reproduction est menacée.
Pour être cohérent avec le RMD, le CIEM préconise que les prélèvements globaux (commerciaux + récréatifs) ne dépassent pas 880 tonnes en 2018.
Étant donné cette évolution de l'avis scientifique et en accord avec l'engagement du Conseil des Ministres de décembre 2017, j'ai demandé à mes services de préparer une proposition qui tienne compte de ce nouvel avis scientifique de façon à adapter les mesures de gestion de la pêche récréative pour 2018 à ces nouvelles recommandations.
Je voudrais vous remercier une nouvelle fois de m’avoir écrit au sujet de ce problème important et voudrais vous remercier pour votre engagement soutenu en faveur d'une gestion des pêches durable."
Finalement, les amateurs au nord du 48ième récupèrent le droit de conserver un bar par jour à partir du 1er octobre 2018. Il est pressenti que ceux du sud seront mis à la même enseigne à partir de 2019.
État des lieux de la pêche de loisir dans l’Union européenne
Résolution du Parlement européen du 12 juin 2018 sur l’état des lieux de la pêche de loisir dans l’Union européenne (2017/2120(INI))
Le projet de résolution de 4 pages voté en mai dernier a donné lieu à une résolution de 8 pages adoptée massivement (601 voix pour, 43 contre et 27 abstentions ).
Deux formules garde-fou ont été prévues pour protéger la pêche commerciale.
Cette résolution du parlement européen reconnaît enfin que la Pêche de Loisir est un intervenant important qu'il faut prendre en compte à part entière pour mieux gérer les ressources marines.
Il était temps.
La résolution reprend certaines données récemment publiées :
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Les récréatifs prennent 1,8% des maquereaux, mais 43% des lieux jaunes,
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Ils sont presque 10 millions en Europe (1,6%) qui dépensent plus de 1000 € par an, d'où "un chiffre d'affaires" de plus de 10 milliards d'euros et presque 100 000 emplois à temps plein.
Le texte insiste lourdement sur la nécessité de collecter les données de la pêche récréative et de les suivre dans le temps:
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pas seulement pour le bar mais aussi d'autres espèces pour lesquelles son impact est non négligeable (les amphihalins sont cités)
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pas seulement à propos des captures mais bien sûr à propos de tous les éléments qui permettent de l'évaluer (nombres de pêcheurs, "catalogue des activités" incluant engins et techniques, zones de pêche, effort de pêche, etc.)
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y compris les données d'ordre socio-économiques pour en évaluer l'impact global
Le Parlement reconnaît l'importance économique de la pêche récréative, importance selon lui plutôt "loco-régionale que nationale" surtout dans le secteur du tourisme, mais aussi son « importance culturelle et traditionnelle pour de nombreuses communautés ».
Le Parlement constate que "la Politique Commune de la Pêche a été mise en place pour gérer la pêche commerciale sans tenir compte de la pêche récréative" et qu'il est temps que "les deux catégories de pêche maritime (commerciale et récréative) puissent être gérées d’une manière équilibrée, équitable et durable."
Mais plusieurs limites ont été tracées, avec un parti pris que chacun appréciera:
"le développement de la pêche récréative ne peut se traduire ni par une réduction des possibilités de capture pour la pêche professionnelle, ni par une répartition des rares ressources entre la pêche professionnelle et récréative, notamment en ce qui concerne la pêche à petite échelle et artisanale."
Et plus loin, pour être plus clair:
"Le Parlement demande à la Commission de prendre les mesures nécessaires à l’adoption d’une réglementation sur la pêche récréative qui soit respectueuse et qui ne nuise pas à la pêche professionnelle."
Dans le même ordre d'idée:
"Le Parlement met l’accent sur la nécessité de protéger la flotte artisanale et de veiller à sa survie et à son remplacement générationnel face à l’expansion de l’activité récréative liée aux ports récréatifs et au tourisme saisonnier."
Enfin, nous avons relevé le paragraphe suivant:
"considérant que les études ont montré qu’une quantité considérable de déchets plastiques identifiables dans les mers, les lacs et les rivières proviennent d’activités récréatives aquatiques, telles que la navigation de plaisance, le tourisme et la pêche; [le Parlement] observe que les déchets tels que les engins de pêche récréative perdus peuvent causer une grave dégradation de l’habitat ainsi que des dommages écologique."
L'intention de traiter la pollution est bien sûr louable et nous la saluons.
Même si le sujet de la résolution ne concerne que la pêche récréative, nous aurions apprécié que la pêche professionnelle soit associée à ce constat, elle dont les déchets jonchent nos plages à chaque coup de vent et recouvrent même les plages des îles les plus isolées comme les îles Pitcairn au milieu du pacifique.
L'anguille et le crime organisé
La consultation sur la pêcherie de la civelle (alevin de l'anguille) a été l'occasion pour l'ADRM de donner son analyse sur la situation actuelle catastrophique dans laquelle se retrouve cette espèce. Voici la contribution de l'ADRM (9-10-2018):
La plupart des personnes sans intérêt financier dans le commerce de la civelle comprennent intuitivement qu’il est amoral de pêcher des juvéniles, a fortiori d’une espèce menacée d’extinction et à une époque où nos sociétés se précipitent sciemment vers l’anéantissement de la biodiversité.
Reste l’avis des personnes qui sont intéressées dans ce commerce lucratif devenu honteux : les pêcheurs professionnels et les trafiquants.
Pour les premiers, l’UE a trouvé cette réponse choquante qui consiste à rémunérer les pêcheurs professionnels avec de l’argent public en leur achetant leurs captures pour les relâcher, officiellement dans un but d’alevinage, officieusement parce que l’UE ne sait pas traiter autrement le problème social posé par ces personnes qui ne sauraient rien faire d’autre que pêcher. C’est une gabegie puisque depuis des millénaires les civelles se débrouillent parfaitement bien toutes seules pour « aleviner » elles-mêmes les territoires qu’elles investissent, sauf, il est vrai pour certains barrages infranchissables pour elles . Finalement, la société (vous, moi) paye pour un service que la Nature exécute gratuitement : ridicule...
Les civelles se raréfiant, les papilles n’ayant manifestement aucune conscience, les prix s’envolent et donc les trafiquants s’en mêlent. La Guardia Civil communique sur une prise de 350 kg en avril 2018 alors que 100 tonnes seraient trafiquées vers l’Asie chaque année.
L'ADRM propose de casser ce cercle vicieux en retournant à notre avantage la cupidité des uns et des autres : l’argent public donné aux professionnels en échange de leur quota d’alevinage (39 tonnes) doit financer non plus un service gratuit de la Nature, mais une très sensible augmentation de la lutte contre le braconnage qui , si nous ne réagissons pas, passera au stade du crime organisé et exterminera l’anguille exactement comme il a quasiment réussi à exterminer les éléphants et autres rhinocéros. Il nous faut changer d’échelle dans cette lutte contre le trafic qui comme l’établit Sustainable Eel Group devient la menace n°1 qui pèse sur l’anguille.
Parce que cet argent doit revenir dans la poche des professionnels pour traiter le problème social qu’ils posent, il faut rémunérer ces professionnels non plus pour pêcher inutilement leurs quotas d’alevinage mais pour surveiller leur rivière. Une fois le quota commercial atteint (26 tonnes, presque 100 000 000 d’individus !), ces mêmes professionnels devraient reprendre leurs navires, mais cette fois sans tamis embarqués pour réaliser la nécessaire surveillance nocturne des estuaires et des rives de nos fleuves et rivières.
On objectera que certains seront tentés de capter deux revenus : celui de la surveillance, et celui du braconnage. Oui, bien sûr, ce sont ceux-là même qui animent le trafic actuel . Cela veut dire que les modalités ne seront pas faciles à déterminer mais cette idée a du sens, bien plus à mon avis que ce que nous propose l’UE et/ou l’État français.
Laissons les 39 tonnes dans l’eau et occupons-nous de la vraie menace du trafic que la Nature ne peut esquiver.
Dans le même temps, il est urgent de mettre en place une extinction programmée des licences dans le respect des professionnels en place, par des modalités diverses, incitation à la reconversion, mais aussi verrouillage du nombre de ces licences qui doit s’éteindre au profit d’une nouvelle profession de gardien des fleuves dont la civelle ne sera pas le seul sujet de préoccupation.
Nous avons l’obligation d’inventer de nouveaux métiers et de nouveaux intérêts.
Pêcheurs professionnels : vous l’aimez la Nature ? Vous voulez en vivre ? Montrez-nous le : pour l’anguille, c’est le moment ou jamais !
CARREFOUR ANGLET ANNONCE QU'IL STOPPE LA COMMERCIALISATION DU SAUMON SAUVAGE DE L'ADOUR
Dans un courrier d'août 2018, l'Association de Défense des Ressources Marines avait interpellé la direction de CARREFOUR FRANCE à MASSY et celle de l'hypermarché CARREFOUR d'ANGLET à propos de la commercialisation de darnes fraîches de saumons sauvages de l'Adour.
L'association faisait remarquer la contradiction frontale entre cette commercialisation d'une espèce en voie d'extinction et les engagements de la marque en faveur de la biodiversité, notamment celui de "suspendre la commercialisation des espèces sensibles".
Par lettre recommandée avec accusé de réception datée du 22 octobre 2018, le directeur de cet hypermarché Mr Stéphane FAUCONNIER a informé l'ADRM qu'il avait "stoppé la commercialisation de ce poisson...dans le cadre du respect de l'engagement de son enseigne".
L'association se réjouit d'une telle décision responsable issue d'un simple dialogue où il aura suffit d'informer correctement un intervenant important de ce marché.
Cet intervenant, en l’occurrence la direction de l'hypermarché CARREFOUR d'ANGLET a su prendre connaissance de notre courrier, en analyser les arguments et prendre enfin la bonne décision.
Nous rendons ici hommage à une telle attitude qui nous donne de l'espoir en l'avenir.
Mais la route est longue, puisque les sites de commercialisation se comptent par centaine.
Néanmoins, un effet d'entraînement est attendu un fois franchi un certain seuil de médiatisation: de bonnes nouvelles nous attendent.
L'Association de Défense des Ressources Marines participe à la consultation européenne sur les possibilités de pêche
248 intervenants ont participé à la classique consultation européenne sur les possibilités de pêche pour l'année 2019.
L'ADRM, régulièrement déclarée sur le registre de transparence de l'UE y a participé aux côtés d'autres ONG comme SAVE OUR SEA BASS, ANGLING TRUST, OCEANA ou CLIENT EARTH.
Nous n'avons pas caché notre lassitude et notre inquiétude pour l'avenir de la pêche dans le golfe de Gascogne, mais avons aussi proposé des propositions concrètes que vous pouvez lire à travers un simple résumé ou en détail en cliquant sur ce lien :
FILETS FIXES SUR L'ESTRAN : LE DÉBUT DE LA FIN D'UN USAGE ANACHRONIQUE
En saisissant le tribunal administratif de POITIERS, L'ADRM a dénoncé plusieurs entorses à la politique commune de la pêche concernant la pratique de la pêche au filet fixe sur l'estran de la Charente-Maritime. À la lecture de notre recours amiable, le préfet a préféré retirer son arrêté. L'ADRM maintient bien entendu son recours contentieux puisqu'elle demande non pas le retrait de l'arrêté mais son abrogation définitive et la fermeture de cette pêcherie d'un autre temps qui concerne 2800 personnes rien que pour ce département.